{Objet} Trou Noir
Un trou noir est un objet massif dont le champ gravitationnel est si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. De tels objets n’émettent donc pas de lumière et sont alors noirs. Plusieurs techniques permettent d’étudier les phénomènes qu’ils induisent sur leur environnement.
À propos de l’avenir de l’humanité, Stephen W. Hawking, célèbre astrophysicien et cosmologiste, affirme que face à la surpopulation, à la surexploitation des ressources et à la destruction de notre environnement naturel, il sera assez difficile d’éviter un désastre dans les cent années à venir. Selon lui, notre seule chance de survie à long terme consiste à se disperser dans l’espace en colonisant d’autres planètes. Voilà pourquoi il est favorable aux vols spatiaux habités.
Dans l’incapacité intellectuelle de concevoir des navettes spatiales d’une part, et n’étant pas tout à fait sûrs de faire partie du voyage d’autre part, nous préférons pour l’instant, en tant que designers, poursuivre la réflexion sur les façons de concevoir les objets sur Terre.
Un aspect séduisant du design consiste à laisser penser que nos productions de designers contribuent systématiquement au progrès de la société alors qu’elles s’inscrivent, malgré nous, majoritairement dans le surplus et in fine dans la désagrégation. En effet, bien que la pensée créatrice du design génère des innovations pertinentes, elle s’engage néanmoins rarement en prenant en compte les nombreuses conséquences de la surproduction et de la surexploitation des ressources. Celles-là même qui engendrent cet étrange état des choses.
Si le design assume sa vocation industrielle tout en prenant en compte ces enjeux de société, il nous faudrait alors créer des objets en plus qui auraient pour vocation de générer des objets en moins.
Cela reviendrait à inventer en quelque sorte des Objets Trou Noir.
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{ Absorber }
La métaphore du trou noir repose sur l’idée d’absorption : engloutir, dissoudre, retenir, aspirer, résorber, agglomérer…
Si l’on devait absorber les déchets, il faudrait alors produire à partir d’eux. Mais on ne ferait là que réinjecter une matière recyclée dans un système qui resterait le même. Il nous faudrait donc produire à partir des déchets ultimes. (Matière dernière)
On pourrait imaginer des objets qui auraient la capacité de faire pénétrer en eux les conséquences néfastes de leur développement, en vue de les assimiler Et leur Adjoindre des fonctions de traitement, de transformation, de régénération, et la capacité de métamorphoser des éléments qui les entourent. Ce serait donc « penser l’absorption comme une forme productive par le moins ».
Et si les objets s’absorbaient entre eux, se contenaient les uns dans les autres ?
{ Déspécialiser }
Pour chaque tâche, il existe un, dix, cent objets spécialisés. Notre développement technique et commercial a engendré une multitude d’objets dont la quantité actuelle dépasse l’entendement. Cette profusion effarante peut se représenter par une arborescence, une généalogie dont l’extrémité des branches figure l’hyper spécialisation des choses.
Nous faisons constamment l’expérience d’objets performants, et avons ainsi assimilé les gestes qui leur sont associés. Ayant acquis une connaissance des actions et même des fonctionnements, nous possédons donc en mémoire un savoir qui permet maintenant d’envisager la réalisation de ces mêmes actions avec des objets moins spécifiques. Partant de ce point de vue, nous pouvons alors déspécialiser les objets pour envisager des formes primitives contemporaines, au sens où elles se situent à l’origine d’une diversité d’applications. Il faudrait imaginer des hybridations formelles qui tentent la synthèse de fonctions.
{ Trans-former }
Les objets techniques sont constitués de pièces détachées qui s’assemblent pour constituer un tout fonctionnel.
Lorsqu’une pièce est défectueuse, il faut procéder à son remplacement sinon l’ensemble ne peut plus fonctionner. Le plus souvent il faut jeter le tout car il est de moins en moins possible de remplacer ou de réparer les composants. D’autre part, les pièces restantes sont inutilisables ; trop spécifiques, elles ne peuvent servir à autre chose qu’au système pour lequel elles ont été conçues. Cette condition d’exclusivité des objets techniques – où la pièce possède des propriétés réservées à un seul système d’opération – entraîne une obsolescence des objets, une limite des usages, un asservissement par la forme.
De la pièce détaché, propriétaire et circonscrite, nous proposons de passer à l’idée de la pièce détachable. Chaque constituant pourrait ainsi être employé pour d’autres systèmes, d’autres situations, d’autres conditions. C’est alors envisager que chaque composant soit conçu à la fois précisément et de manière indéterminée. (pièces détachables) Que sa fin de vie ne soit plus assujettie aux conditions limitées qui lui ont données naissance et que d’autres applications puissent s’engager à partir d’elle.
{ Réversibilité }
« Nous pourrions nous demander si le design ne devrait pas être un saut imaginaire à partir d’évènements présents vers des possibilités futures d’un passé potentiel »
Que l’on observe la surcharge des réseaux, les catastrophes climatiques ou les fluctuations erratiques des prix, les conditions de disponibilité des ressources (en eau, en énergie et plus généralement en matières premières) seront de plus en plus changeantes. On doit considérer cette intermittence – de quelques heures à quelques jours – et envisager que les objets aient la capacité de fonctionner malgré la variabilité des conditions extérieures. Nous souhaitons donc fournir aux objets une prédisposition à la réversibilité, et même à l’alternance. Produire aujourd’hui des objets qui intègrent les conditions de demain et essayer d’élaborer une esthétique fonctionnelle qui envisage la pénurie avec élégance. (vaisselle ménagère)
{ Trou Blanc }
Il ne s’agit pas de produire des « kit-à-tout-faire », mais plutôt d’amorcer une décomposition de l’objet en parties, dont certaines combinaisons sont prévues et d’autres restent à composer. Nous pourrions peut-être envisager un design pour une économie – au deux sens du terme – où un objet pourrait être pris pour un autre.
Le trou de ver est une structure géométrique étrange : « Cette espèce de tunnel connecterait le fond du trou noir à une région de l’univers appelée “fontaine blanche” [ou trou blanc] car elle fonctionne à l’inverse d’un trou noir […]. Les trous de ver pourraient interconnecter des régions distantes de l’univers et permettre des voyages interstellaires dans l’espace et dans le temps. Ils pourraient aussi relier une suite infinie d’univers parallèles. »
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Addressing the vital environment-related issues that result from over-production, over exploitation of resources and accumulation of wastes, Gaëlle Gabillet and Stéphane Villard propose to create black hole {objects} that have the strange capacity to absorb wastes and other objects with low gravity.
This research project shows that by designing non-specialized objects we could reduce the number of products without relinquishing the diversity of functions, already known and to be invented.
Black hole {objects} are basic components, independent, that have the
ability to compose other functional objects ; constructive or decorative, household appliance or furniture.
Black hole {objects} are reversible : they can operate with different energy sources depending on their availability.
Black hole {objects} suggest an economy, domestic and industrial, whereby one object could stand in for another.
ARIES TOTTLE
de Laetitia Paviani
« Il paraît cependant que dans un temps ancien très ancien, au fond de la nuit du temps, vivait un philosophe turc nommé Aries et surnommé Tottle. » (Peut-être bien l’auteur de la lettre veut-il dire Aristote ; les meilleurs noms, au bout de deux trois mille ans, sont déplorablement altérés. »
Edgar Allan Poe, EUREKA (ou Essai sur l’univers matériel et spirituel)(1)
– J’aime autant qu’on prenne ce chemin, si ça ne t’embête pas.
– Pas du tout. On est en avance et ça fait une éternité que je n’ai pas pris le Tottle.
– On a plutôt bien avancer aujourd’hui, non? Avec Virgile, ça marche toujours bien.
– C’est vrai c’est une bonne combinaison.
– En revanche sur cette notion d’amphibologie, on ne va pas être assez de deux.
La journée tire à sa fin, l’air est irrespirable et nous nous enfonçons dans un dédale de ruelles qui clignotent déjà en fondu enchaîné à raison d’un lampadaire sur deux. Aucun ne nous n’est assez vieux pour se souvenir de la période qui a précédé la division, où tout était continu. On fait un bref point sur notre journée de travail en se rapprochant de l’embarcadère sud du Tottle. Au loin, les rampes tripartites s’étirent à perte de vue. Le Tottle est l’un des transports alternatifs les plus ancien mais c’est surtout le plus pittoresque. Ce funiculaire est une des premières conceptions réalisée dans les conditions de protocole combinatoire qui ont fait la renommée de notre entreprise. Le dessin élégant de ses rails surélévés en pointes régulières évoque les plans de trajectoires erronés de la chute d’un corps établis par Aristote. Le mouvement saccadé de ses rails rendent en quelques sorte hommage et comme une chance de réattribution aux recherches inaugurales de ce grand homme car comme il le disait lui-même dans sa Physique, « Il y a un lieu pour chaque chose, le même pour le tout et pour la partie, par exemple pour la terre prise en bloc et pour une motte, ou pour le feu et l’étincelle ». Le caractère atypique de la traversée, quant à lui, en ferait presque oublier les avantages de la vitesse. L’engin dévale doucement la pente jusqu’à la plateforme d’embarquement. Les portes s’ouvrent et un mouvement de succion nous entraîne à l’intérieur parmi les autres passagers. La cabine commence son ascension verticale. Le déplacement du Tottle se fait en trois phases. La première phase est la seule nécessitant une énergie électrique. La cabine est tractée verticalement jusqu’à un point donné d’où, après une brève halte, elle est lâchée en chute libre sur une pente très douce et très longue au terme de laquelle la cabine est à nouveau tractée en hauteur pour entreprendre une nouvelle descente et ainsi de suite. Les montées qui impliquent une connexion au courant éléctrique sont l’occasion d’une diffusion assourdissante de flashs d’actualités. Par un détour curieux des flux d’informations ou l’entropie d’un système saturé, il s’est avéré de plus en plus fréquent que des archives sonores s’invitaient dans le programme de la radio du Tottle. C’est pourtant là un agrément très spécial de ce moyen de transport dont mes collègues et moi-même sommes très friands. Lorsque cela arrive des voix nasillardes se mettent à pérorer des actualités d’un autre temps, litanies anachroniques dont personne ne semble plus s’étonner.
… diplômes mérovingiens. Et c’est lors de cette même séance du 20 janvier 1911, sous la présidence de Mr Henri Omont, qu’Edouard Chavannes présenta son étude « LA DIVINATION
PAR L’ÉCAILLE DE TORTUE dans la haute antiquité chinoise (d’après un livre de M. Lo Tchen-yu) », étude dont l’objet est la découverte de fragments d’écailles de tortue, exhumées en 1899, au Nord de la province chinoise du Ho-nan, dans des conditions restées obscures. Le but premier de la « chéloniomancie » ou la divination par l’écaille de tortue, était de prévoir l’avenir des empereurs. D’après les Chinois, la morphologie des tortues avait une similitude avec l’univers. À leurs yeux, les tortues représentaient le cosmos en taille réduite. La première carapace ronde représentait le ciel et la seconde, plus plate, représentait la terre. Mais la tortue était aussi utilisée parce que sa longévité représentait d’une certaine manière la longévité de l’univers. L’écaille de la tortue avait une double utilité : la calligraphie et la divination. Des caractères chinois ont été découverts sur des os et des carapaces de tortues prouvant l’existence de l’écriture chinoise aux environs du 16ème siècle avant Jésus Christ. Pourtant il se peut que cette écriture exista depuis bien avant. Mais poursuivons. Grâce à la divination, la calligraphie a fait surface. Les caractères inscrits sur les carapaces ont permis de mettre en évidence un système d’écriture dont l’ébauche d’idéogrammes seraient les ancêtres des idéogrammes contemporains. Une trouvaille archéologique récente rapportée par Mr Chavannes est la présence de trous ovales de 5 à 10 mm de diamètre ainsi que des brulures qui donnent des informations plus précises sur le procédé de cet art augural. L’acte de percer des trous…
La cabine arrivée au point culminant de son élévation marque un temps d’arrêt. Le courant est coupé net ce qui a pour effet d’interrompre la cacophonie des informations superposée à celle des conversations. Puis la cabine amorce sa descente. Le silence presque parfait qui s’ensuit fait partie là encore de la grâce de ces trajets et chacun y goûte avec le plus grand des respects. Comme un seul corps nous dévalons la pente, nous gégringolons dans le paysage, détachés du poids de la dépendance énergétique, étourdis par la libre glissade de notre conscience collective. La gravité nous faisant gagner du terrain nous nous rapprochons du sol et bientôt, après un bref arrêt et l’afflux de nouveaux voyageurs, nous sommes à nouveau tractés vers les hauteurs dans le brouhaha médiatique. Cette fois il s’agit d’une émission littéraire datant de 1956. Bizarrement, il y est encore question d’idéogrammes chinois.
… essai, Adonis et l’alphabet, Aldous Huxley évoque le langage, je le cite, le langage comme « philosophie virtuelle, comme source de postulats ontologiques, comme conditionneur de pensée et même de perception, comme modeleur de sentiments, comme créateur de systèmes de conduite. » Il évoque, entre autre, à ce titre la syntaxe idéogrammatique des signes chinois. La tradition dans cette émission veut que nous lisions un extrait de chaque ouvrage présenté. Si mademoiselle Méat veut bien se donner la peine … « La caractéristique de la pensée chinoise réside dans l’attention exclusive qu’elle porte sur les « implications corrélatives entre différents signes ».( … ) En chinois, l’idée du « bien » est représentée par une combinaison du signe « femme » et du signe « enfant ». Comme c’est touchant ! Mais considérons le mot « fang ». Fang a bien des sens différents, mais est représenté par un seul caractère, qui est une sorte d’image ou de diagramme de deux bâteaux attachés ensemble. Quand ce signe représente fang dans l’une quelconque de ses autres significations, il est utilisé comme phonogramme, et doit être combiné à un autre signe, de façon qu’on puisse le distinguer de « carré ». Ainsi le signe « femme » plus le phonogramme fang signifie « empêcher ». Femme plus enfant égale bien. Mais ce bien coûte son prix : un homme qui a une femme et des enfants a donné des otages à la fortune. Le bien d’un contexte est l’empêchement d’un autre. Quelle richesse d’idée est implicite dans l’écriture de ces deux mots communs ! Il n’est pas étonnant que les chinois aient prêté tant d’attention aux « implications corrélatives entre différents signes ». »
Les « actualités » se poursuivent avec une chronique sportive de 1995, l’horoscope du dimanche de la semaine dernière et une quantité insoutenable de spots publicitaires chantés. Environ cinquante minutes plus tard, nous sommes arrivés à destination. Nous marchons encore sur une centaine de mètres et franchissons le seuil de l’usine, dont le nom brille discrètement en lettres phosphorescentes : PÉRISPRIT (4). Juste en dessous, on peut lire en plus petits caractères : Production de composants élémentaires et réversibles.
Nous traversons le vaste hall d’accueil vers l’un des accès au balanceur. Le balanceur est également une invention alternative conçu par l’une de nos équipes. Il s’agit d’une sorte d’ascenseur à balancier qui ne comporte que deux cabines placées aux extrêmités d’un axe principal. Sous l’effet d’une brève impulsion électrique régulière mais sans aucun autre raccord énergétique, l’axe élève une cabine tandis que l’autre rejoint le rez-de-chaussée. La distribution des usagers se fait au rythme de cette balançoire géante, du niveau le plus bas au plus élevé, les niveaux intermédiaires étant accessibles par les escaliers. À cette heure avancée de la soirée, le bâtiment est pratiquement vide. Personne d’autre n’attend le balanceur. Dans le grand miroir qui occupe le fond de la cabine, nous examinons notre allure enfin plus exactement nous observons le type planté là tout seul devant la glace.
– C’est quoi ce tee-shirt encore ?
– Quoi, il est super ce tee-shirt ! Le mois dernier on était en protocole de cinq sur Virgile. En rentrant du site expérimental, on est passé devant un bazar d’antiquités textiles et on a vu ce tee-shirt, bon la couleur est bizarre mais on s’est dit que ça lui irait bien, alors on lui a acheté et le soir on lui a fait mettre dans son casier. Il a l’air de lui plaire, ça fait deux fois au moins que je le vois avec.
Le type devant la glace c’est Virgile. Aujourd’hui, l’esprit deVirgile n’a pas assisté à la réunion qui se tenait dans son corps, d’ailleurs il s’arrange la plupart du temps pour ne pas en faire partie, préférant de loin occuper le corps d’autres collègues et de préférences féminines. Il travaille souvent aussi à des recherches personnelles, c’est, comme on dit entre nous pour la blague, un « esprit libre ». Demain, Virgile aura repris possession de son enveloppe, ou non, suivant le planning que nous élaborerons ce soir. Quant à nous deux, nous serons affectés séparément, ou avec d’autres, à de nouveaux groupes de recherches. Nous pouvons tout aussi bien regagner nos enveloppes (3). Le mode combinatoire permet d’assembler nos compétences en bouquets de réflexion et nous partageons connaisances, expérience ainsi que capacités physiques. Les projets s’augmentent et se prolongent de cette intelligence fractale dont l’essence de chaque partie, détachable est autonome et réattribuable. Les combinaisons de compétences sont infinies, si la plupart ont déjà été coordonnées il en reste une quantité insoupçonnée à tenter qui augurent l’agencement d’une grammaire et de constructions toujours plus riches. Le temps de la montée du balanceur, on se regarde une dernière fois pour aujourd’hui dans le corps de ce grand type musclé aux longs cheveux blonds et aux yeux sympathiques. Il porte la moustache, une grosse paire de bottes et une grande veste rectangulaire en cuir noir qui tranche avec l’évasé trompette des jambes de son jean. Le tee-shirt en question est d’une couleur surprenante, peut-être caramel. Une phrase y est écrite en plein milieu en grosses lettres jaunes :
Prend conseil de la souris
qui jamais ne confie sa destinée
à un seul trou.
Plaute (5)
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(1) « Au sein de la vaste confrérie des admirateurs d’Edgar Allan Poe, il existe une société plus secrète, formée des lecteurs pour qui Eurêka – la moins connue des oeuvres de leur héros – est aussi la plus belle. (…) Embrassant d’un seul coup d’oeil l’immensité de tout ce qui existe, là où un esprit ordinaire ne percevrait que complexité et chaos, l’intellect génial (et quelque peu surchauffé) de Poe y découvre au contraire une unité, un ordre, un plan. Et dans une intuition fulgurante, il va jusqu’à anticiper ce qu’on désignera un jour comme le Big Bang… » (extrait du 4ème de couverture de la réédition d’Eureka aux éditions Tristram)
(2)En philosophie, l’amphibologie est une proposition qui présente un double sens. Le terme vient du grec ampibolia (« action de lancer de tous côtés »)
(3) Cette idée de conscience autonome est très librement inspiré d’une nouvelle de hard SF, Le Coffre fort (1989), extraite du recueil Axiomatique dont l’auteur australien Greg Egan est mathématicien de formation. Cette nouvelle nous livre les états d’âme et les interrogations d’une entitée amenée à changer de corps d’hommes du même âge que lui dans une même ville après chaque période de sommeil. Chaque jour le protagoniste épouse l’identité d’autres individus, qui eux ne se souviennent de rien. Dans la journée du temps de la nouvelle, il découvre comment son esprit a réussi à survivre en empruntant les capacités du cerveau de ses hôtes.
(4) « Périsprit » signifie à l’origine entité intermédiaire entre le corps et l’âme. C’est Allan Kardec qui est l’inventeur de ce terme dans son ouvrage fondateur du spiritime : Le Livre des Esprits (1857)
(5) Plaute est un comique latin du IIIème siècle av. J.-C.. La phrase en question correspond au vers 868 de sa pièce Truculentus. Citation que j’ai pu lire dans l’ouvrage de Jean-Pierre Luminet, fort bien imagé en littératures diverses, Le Destin de l’univers : Trous noirs et énergie sombre (2006).